
secondaire collégial: examen professionnel didactique du FLE 2011 échelle 11
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Sociologiquement parlant, ce qui, depuis deux siècles, a changé autour de l’orthographe est beaucoup plus important que les transformations internes. C’est surtout le rapport du public à l’orthographe qui n’est plus le même.
Sous l’ancien régime, l’écriture reste une technique propre à certains corps de métiers : les typographes, les correcteurs d’imprimerie, les maures-écrivains, les secrétaires. D’autres encore la connaissent, bien sûr, mais ils n’ont pas pour elle ce respect craintif qu’on lui porte aujourd’hui. Tous les écrivains, tous les hommes cultivés font des « fautes », de grosses fautes même, et n’en sont pas gênés. Savoir écrire correctement, ce n’est pas, à l’époque, comme ça l’est devenu depuis, la base de la culture. Aucune culpabilisation sur la question.
C’est dans la première moitié du XIXe siècle que se fera la mutation des esprits. Du grand processus de scolarisation, l’orthographe sortira valorisée, survalorisée même. Le mythe de l’orthographe, imposé d’abord aux couches populaires, s’étendra bientôt à l’ensemble de la population, y compris à ceux que leur formation classique avait mis plus longtemps à l’abri de cette moderne superstition. Même les collèges et les lycées, longtemps réticents, devront peu à peu réduire la part du latin pour faire une place de plus en plus grande à l’enseignement de l’orthographe et de la grammaire française. Tout jeune Français devra faire la preuve qu’il la maîtrise, et l’institution, en 1874, du Certificat d’Études Primaires permettra d’opérer une sélection impitoyable. Bientôt la pratique de l’orthographe sera déterminante pour la promotion sociale et l’accession aux petits emplois, la méconnaissance de ses règles sera considérée comme une tare, et l’on gardera, dans le secret des tiroirs, pour le faire chanter, telle lettre d’un chef de bureau qui a commis quelque négligence d’accord.