examen régional Marrakech Safi 2018 de français la boîte à merveilles chapitre 3
examen régional Marrakech Safi 2018 de français
Texte : Rahma, la femme du fabricant de charrues, qui était sortie ce matin accompagnée de sa fille Zineb, dans l’intention de se rendre au quartier Kalklyine pour assister à un baptême, revint tout en pleurs. Elle se mit à se lamenter depuis l’entrée de la maison, à s’administrer des claques sonores sur les joues.
- Malheur ! Malheur à moi ! Je suis la plus misérable des mères; je ne pourrai jamais survivre à cette douleur. Personne ne pourra soulager ma peine.
Les questions fusaient de toutes les fenêtres. Les femmes avaient interrompu leur besogne. Elles la suppliaient de les mettre au courant de la nature de cette catastrophe qui l’avait frappée. Ma mère oublia que Rahma n’était qu’’une pouilleuse, une mendiante d’’entre les mendiantes. Tout émue, elle se précipita au premier étage en criant:
- Ma sœur ! Ma pauvre sœur ! Que t’est-il arrivé ? Nous pouvons peut-être te venir en aide. Cesse de pleurer, tu nous déchires le cœur.
Toutes les femmes entourèrent Rahma la malheureuse. Elle réussit enfin à les renseigner: Zineb avait disparu, perdue dans la foule. En vain, sa mère avait essayé de la retrouver dans les petites rues latérales, Zineb s’était volatilisée, le sol l’avait engloutie et il n’en restait pas la moindre trace.
La nouvelle de cette disparition se propagea instantanément dans le quartier. Des femmes inconnues traversèrent les terrasses pour venir prendre part à la douleur de Rahma et l’exhorter à la patience. Tout le monde se mit à pleurer bruyamment. Chacune des assistantes gémissait, se lamentait, se rappelait les moments particulièrement pénibles de sa vie, s’attendrissait sur son propre sort.
Je m’étais mêlé au groupe des pleureuses et j’éclatai en sanglots. Personne ne s’occupait de moi. Je n’aimais pas Zineb, sa disparition me réjouissait plutôt, je pleurais pour bien d’autres raisons. D’abord, je pleurais pour faire comme tout le monde, il me semblait que la bienséance l’exigeait; je pleurais aussi parce que ma mère pleurait et parce que Rahma, qui m’avait fait cadeau d’un beau cabochon de verre, avait du chagrin ; mais la raison profonde peut-être, c’était celle que je donnai à ma mère lorsqu’elle s’arrêta, épuisée. Toutesles femmess’arrêtèrent, s’essuyèrent levisage, qui avecunmouchoir, qui avec le bas desa chemise.